me doy cuenta que sigues siendo tú la que más quiero.
Tú desolaste la aurora de mi juventud, y sin embargo,
quiero morir sin olvidar tus ojos;
y menos aun tu voz sonora y acariciante,
que penetraba en mi corazón entre todas las voces,
dejando mi pecho estremecido,
como una lira abandonada vibra aún por los dedos que la pulsaron.
Conozco a muchas cuyos labios son bellos,
cuya frente es perfecta, cuyo lenguaje es dulce.
Mis amigos te dirán que he cantado para ellas,
mi madre te dirá que he llorado por ti.
He llorado, pero mis lágrimas son ya menos frecuentes.
Entonces sollozaba, ahora suspiro.
Llegará luego la edad en que los ojos son mas avariciosos y
día llegará en que mi tristeza no sea más que tedio.
Sí, tengo miedo a odiarte cuando llegue a viejo por haber destrozado la flor de mi juventud.
¡Que siempre renazca tu imagen en mí y que yo perdone al alma, recordando tus ojos!
René François Armand Sully Prudhomme
Le Pardon
Pour peu que votre image en mon âme renaisse,
Je sens bien que c'est vous que j'aime encor le mieux.
Vous avez désolé l'aube de ma jeunesse,
Je veux pourtant mourir sans oublier vos yeux,
Ni votre voix surtout, sonore et caressante,
Qui pénétrait mon cœur entre toutes les voix,
Et longtemps ma poitrine en restait frémissante
Comme un luth solitaire encore ému des doigts.
Ah ! j'en connais beaucoup dont les lèvres sont belles,
Dont le front est parfait, dont le langage est doux.
Mes amis vous diront que j'ai chanté pour elles,
Ma mère vous dira que j'ai pleuré pour vous.
J'ai pleuré, mais déjà mes larmes sont plus rares ;
Je sanglotais alors, je soupire aujourd'hui ;
Puis bientôt viendra l'âge où les yeux sont avares,
Et ma tristesse un jour ne sera plus qu'ennui.
Oui, pour avoir brisé la fleur de ma jeunesse,
J'ai peur de vous haïr quand je deviendrai vieux.
Que toujours votre image en mon âme renaisse !
Que je pardonne à l'âme au souvenir des yeux !
Je sens bien que c'est vous que j'aime encor le mieux.
Vous avez désolé l'aube de ma jeunesse,
Je veux pourtant mourir sans oublier vos yeux,
Ni votre voix surtout, sonore et caressante,
Qui pénétrait mon cœur entre toutes les voix,
Et longtemps ma poitrine en restait frémissante
Comme un luth solitaire encore ému des doigts.
Ah ! j'en connais beaucoup dont les lèvres sont belles,
Dont le front est parfait, dont le langage est doux.
Mes amis vous diront que j'ai chanté pour elles,
Ma mère vous dira que j'ai pleuré pour vous.
J'ai pleuré, mais déjà mes larmes sont plus rares ;
Je sanglotais alors, je soupire aujourd'hui ;
Puis bientôt viendra l'âge où les yeux sont avares,
Et ma tristesse un jour ne sera plus qu'ennui.
Oui, pour avoir brisé la fleur de ma jeunesse,
J'ai peur de vous haïr quand je deviendrai vieux.
Que toujours votre image en mon âme renaisse !
Que je pardonne à l'âme au souvenir des yeux !
René François Armand Sully Prudhomme
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